S’exprimer par l’art est une manière de prendre et d’affirmer une forme de prise de pouvoir. Créer par le biais de l’art signifie d’une part, que l’on pense avoir quelque chose à exprimer et raconter, et d’autre part que l’on souhaite que cette chose puisse être entendue. Vouloir être entendu.e est un moteur de création car un.e artiste ne crée pas uniquement pour soi mais pour les autres. Nous voyons là une similitude avec le plaidoyer identitaire qui implique la même démarche de demander à être entendu pour ce que l’on est et ce que l’on défend. Nous pensons donc que renforcer la place de la création artistique des communautés renforcera leur estime d’elles-mêmes, leur capacité à prendre la parole et à demander à être entendues. Notre approche visera donc à renforcer cette capacité des résident.e.s à interpeller le spectateur de manière active.
Par ailleurs, lorsque l’on demande à être entendu.e, on demande à être compris.e. L’art permet à la personne qui le reçoit de ressentir et de comprendre l’expérience de l’artiste. Or l’une des barrières principales à la mise en œuvre de pratiques et politiques de respect des droits humains tient du fait que les décideur.se.s et le grand-public se sentent parfois peu concernés par les personnes jugées en dehors de la « norme », le regard porté sur les communautés est alors au mieux condescendant, au pire rejetant. Par l’art, on peut amener l’autre à s’identifier à nous et accroître ainsi sa capacité de réelle empathie. Or seule une empathie réelle peut mener à des prises de décision politiques défendant les droits de chacun.e. Dans l’optique du plaidoyer, nous nous attacherons donc d’une part à renforcer la capacité des résident.e.s à interpeller de manière active et forte le spectateur.rice et d’autre part à créer des espaces réels de rencontre entre les artistes et les personnes qu’elles souhaitent influencer par leur art.